24 avril, 2014
Note d’actualité
Hajnalka Vincze
Note d’actualité
C’est un vrai numéro d’équilibriste que le président Obama tente de réussir entre ses alliés en Europe d’un côté, et ceux en Asie de l’autre. Le voilà donc en pleine crise ukrainienne, parti faire une tournée pour rassurer ses partenaires asiatiques que le pivot vers eux existe bel et bien - le contraire du message que l’administration US s’efforce d'envoyer à ses alliés européens.
D’après Reuters : « Barack Obama effectue à partir de mercredi une tournée en Asie au cours de laquelle le président américain va s'employer à convaincre ses interlocuteurs que le pivotement" stratégique des Etats-Unis vers leur région n'est pas qu'un effet d'annonce, mais une réalité face à une Chine ambitieuse. Depuis que Barack Obama a annoncé en 2011 un redéploiement des moyens militaires, diplomatiques et commerciaux américains vers l'Asie-Pacifique, les signes tangibles de cette réorientation ont été suffisamment rares pour alimenter le scepticisme des alliés des Etats-Unis dans la région. »
En même temps, l’annonce en elle-même fut amplement suffisante pour semer la panique chez les alliés en Europe. La crise ukrainienne tombe donc à point nommé pour servir de preuve quant à la pertinence de l’OTAN et du lien transatlantique. Tout en sachant qu'elle est scrutée de près par les alliés asiatiques des Etats-Unis. Lesquels attendent que Washington se montre assez déterminé vis-à-vis la Russie pour dissuader Pékin de tenter quoi que ce soit de similaire dans cette partie-là du globe.
« La récente annexion de la Crimée par la Russie, et la perception d'une impuissance américaine face aux initiatives de Moscou en Ukraine, ont nourri une forme de malaise au Japon, aux Philippines et ailleurs. Ces pays redoutent que la Chine interprète ces événements comme une preuve de faiblesse américaine et se sente enhardie au point de recourir à la force pour satisfaire ses propres revendications territoriales en mers de Chine orientale et méridionale. »
Tout en voyant dans la crise en Ukraine un test de la détermination des Etats-Unis, ces mêmes pays souhaitent donc se voir rassurés que l’attention de l’Amérique se détourne de l’Europe au profit de l’Asie. D’où ledit numéro d’équilibriste. « Les responsables américains affirment que le "pivotement", ou le "rééquilibrage" selon le terme désormais plus fréquemment utilisé, est bel et bien engagé en direction de l'Asie, malgré l'attention que réclament la crise en Ukraine et les troubles persistants dans le monde arabo-musulman. »
Or, l’incapacité de Washington à gérer plusieurs crises simultanément est depuis toujours une source d’amusement (ou d'inquiétude) constante. On se souvient de cette vieille boutade selon laquelle les fonctionnaires du Département d’Etat auraient fait visiter les lieux aux membres des « Historiens de la Politique étrangère américaine » qui se seraient étonnés de ne voir que deux « salles de crise ». A leur question de savoir ce qui adviendrait si trois crises se pointaient en même temps, la réponse fut mi-blague, mi-sérieux, mais en tout cas parlante. « On requalifierait l’une d’elles en non-crise », tout simplement.
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politique américaine, crise ukrainienne, otan