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Petites perles de la semaine écoulée (1 décembre 2013) - compilation des entrées Google+

01 décembre, 2013
Brève
Hajnalka Vincze
OTAN
Accord avec l'Iran: le bouclier toujours d'actualité (Otan).  Panique à bord. Enfin pas tout à fait, puisque l’Alliance a déjà ses éléments de langage tout prêts. Que le bouclier antimissile US/OTAN soit privé d’ennemi suite à l’accord avec l’Iran ? Jamais ! Il aura fallu de longues années pour « l’imposer aux Européens réticents » (les mots sont d’un ancien ambassadeur US à l’OTAN). 
 
Et qu’il s’agisse à la fois d’un gouffre financier et d’un élément déstabilisateur par excellence ? Tant pis. L’essentiel est qu’il entretienne l’illusion d’un parapluie US/OTAN, en même temps qu’il irrigue de contrats les industriels américains plutôt mal en pointe actuellement.?
(à partir de : Accord avec l'Iran: le bouclier toujours d'actualité (Otan), RIA Novosti, 25 novembre 2013)
 
Afghanistan : Les Etats-Unis lancent un avertissement à Karzaï. Cela doit être un malentendu. Ou les Etats-Unis penseraient-t-ils vraiment que l’OTAN soit leur marionnette bien à eux, qui n’attende que leurs instructions pour savoir à quoi s’en tenir ? Sans blague. C’est certainement l’impression qui se dégage des propos de la conseillère US à la sécurité nationale.

Washington menace donc le président afghan de rétorsions de la part des pays de l’OTAN (US+27 autres Etats quand même), s’il ne signe pas illico l’accord de sécurité bilatéral (!)américano-afghan. A propos duquel notons juste que Washington y exige, entre autres, l’immunité juridique pour ses soldats. Ce qui est une affaire délicate, après les multiples scandales.

Mais revenons à notre théâtre de marionnettes. Les Etats-Unis ne se contentent pas de parler au nom de leurs alliéseuropéens pour les aspects militaires (à savoir : pas de troupes OTAN après 2014 en cas de délai de signature de l’accord bilatéral US-afghan), mais brandissent même la menace du retrait des promesses d’aide financière que ces derniers avaient faites.

De deux choses l’une. Soit l’Amérique se permet de parler au nom de ses alliés parce qu’elle lit dans leurs pensées (pour peu que l’on se serve de ses fameux emails et portables surveillés par la NSA). Soit c’est une façon d’admettre que les Alliés n’avaient rien à faire en Afghanistan et ne s’y sont engagés militairement et financièrement que pour plaire au maître.

(Juste pour le plaisir d’admirer comment le paragraphe contenant les mises en garde américaines à l’adresse du président afghan se réfère effectivement à l’OTAN par trois fois :
(à partir de: Afghanistan : Les Etats-Unis lancent un avertissement à Karzaï, Theatrum Belli, 25 novembre 2013)

Armement
Drones US en Europe, un aveu d’impuissance. A lire les propos du ministre français de la défense dans Le Figaro : « En matière de capacités militaires, je proposerai la création d'un club européen des utilisateurs de drones américains Reaper. Il pourrait constituer une force de négociation avec les États-Unis pour l'européanisation de ses drones, afin qu'ils puissent voler en Europe et emporter des capteurs européens. » 
 
Autrement dit, les pays européens qui ont déjà acheté ces petites merveilles américaines ne savent toujours pas si leurs appareils pourront un jour voler en Europe et/ou être équipés d’une charge utile européenne. Sur quoi diable avaient pu porter les négociations, sinon sur ces deux questions, visiblement secondaires ? 
 
Certainement pas sur le prix, car avec de telles incertitudes, tout calcul réel est a priori impossible. Sans parler des surprises à venir. Qui pourraient prendre la forme de modernisations, imposées conformément au calendrier et aux spécifications du Pentagone (les fameux « block upgrades »). 
 
Lesquels suivent normalement la logique du « keep up or drop out », en d’autres mots soit on paie au rythme et au prix fixé par les Américains, soit nos appareils made in US pourront être mis à la retraite prématurée du jour au lendemain (faute de « soutien technique essentiel » aux versions démodées). Ah, les joies de l’achat sur étagère américaine.
(à partir d’un entretien de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, dans « Le Figaro » du 26 novembre 2013)
 
Course à l’Arctique
JO 2014: la flamme à la ligne de partage des eaux de deux océans. La Russie renforce ses positions en Arctique. D’où aussi le parcours inédit de la flamme olympique. Elle vient de traverser donc la ligne de partage des océans Pacifique et Glacial arctique, après être passée par Norilsk, l’une des villes les plus septentrionales du monde, située à 300 km au nord du cercle polaire Arctique.

Cette première pour la flamme (à savoir d’aller au-delà du cercle polaire) s’accompagnait d'ailleurs, au même moment, d’une déclaration sans ambiguïté du ministre de la Défense. Qui expliquait, suite à la décision de se doter de navires de patrouille à coque renforcée pour l’Arctique, que la Russie « œuvre pour le renforcement de ses forces militaires en Arctique pour défendre ses intérêts nationaux dans cette région ».

Il s’agit d’un programme d’une grande envergure, y compris la reconstruction/rénovation des infrastructures militaires du Grand Nord (comme la base aérienne du Temp à proximité de la Route maritime du Nord, de plus en plus navigable), ou encore le projet de construire d’ici 2030 une immense flottede 2000 navires, dont 80% seront mise à contribution dans le transport d’hydrocarbures en Arctique. 

Hôte du forum international « Arctique, territoire de dialogue » (tenu à Salekhard en septembre dernier, en présence des responsables russes, dont le président Poutine lui-même), Moscou ne s’est pas privé de l’opportunité d’envoyer, au même moment, un groupe de navires de guerre de la flotte du Nord pour parcourir plus de 3000 kilomètres jusqu’aux îles de la Nouvelle-Sibérie (le plus loin jusqu’ici pour des navires de guerre). 

Une démonstration de force qui est tout sauf gratuite. En effet, comme l’écrit Voice of Russia à propos des appels à la coopération et au dialogue entre les pays autour de l’Arctique, « pour participer à ce ‘dialogue’ sur un pied d’égalité, chaque pays doit renforcer ses positions sur ce territoire », y compris en termes de capacités militaires.

Derrière sa belle rhétorique sur la coopération, l’Amérique a exactement la même approche. Dans sa nouvelle Stratégie pour l’Arctique, le Pentagone détaille « les intérêts US de sécurité nationale en Arctique » qui comprennent « des sujets comme la défense antimissile et l’alerte avancée, le déploiement de systèmes maritimes et aériens pour le transport stratégique maritime, la dissuasion nucléaire » etc. Vu la liste, difficile d’imaginer que les USA seraient prêts à tout miser sur le « dialogue » international.
?
(à partir de: JO 2014: la flamme à la ligne de partage des eaux de deux océans, 21 novembre 2013)
 
Hagel Announces DOD's Arctic Strategy. Evidemment, c’est dans un pur esprit de coopération, et dans le but de « construire un monde meilleur pour l’humanité toute entière » que les Etats-Unis prennent toute leur part dans la course au contrôle sur l’Arctique. Eux, qui ne daignent même pas consulter leurs plus proches alliés pour les affaires qui concernent pourtant ces derniers directement, ils se seraient brusquement convertis au multilatéralisme, et se jetteraient avec joie dans les délices de la concertation internationale. 

En réalité, quand il présente la toute nouvelle « Stratégie pour l’Arctique », le Secrétaire d’Etat à la Défense veut faire d’une pierre deux coups. Séduire l’audience internationale, certes, mais aussi faire du lobbying auprès du Congrès, en vue d’une compression moins importante du budget militaire US.

Il répète les appels habituels à la coopération internationale, au recours aux enceintes multilatérales (comme le Conseil de l’Arctique, la Table ronde des Forces de sécurité Arctiques, les réunions des Chefs d’Etat-major nordiques), à l’effort diplomatique en général. Mais, cette fois-ci,  derrière la rhétorique habituelle, il y a autre chose que juste l’hypocrisie obligatoire.
 
Ce n’est pas un hasard s’il tient, au milieu de tout ce baratin, à mentionner « les réductions excessives, profondes et abruptes dans le budget de la défense » américain. De même que le constat selon lequel, dans l’histoire, la découverte d’une « nouvelle frontière » (aujourd’hui l’Arctique de plus en plus navigable) a toujours été suivie de conflits. Ce qu’il vaudra mieux d’éviter, dit-il, dans ce cas.

L’association de ces deux éléments (réductions drastiques du budget militaire et le défi d’une « nouvelle frontière ») ne laisse aucun doute sur les intentions de M. Hagel. Si les beaux esprits (européens pour la plupart) pourront se féliciter une énième fois de la conversion « inévitable », sous le poids de son déficit budgétaire, de l’Amérique au multilatéralisme salutaire, aux Etats-Unis, en revanche, personne ne l’entendra de cette oreille. On n’y comprendra que contrainte. Et une contrainte d’autant plus inacceptable qu’il s’agit là d’une « nouvelle frontière »

Car le choix du terme est tout sauf anodin. Traditionnellement, la seule évocation d’une « nouvelle frontière » avait suffi pour mobiliser l’ensemble des ressources (financières, industrielles, militaires, académiques, cinématographiques etc.) de l’Amérique. En vue de la conquérir (et d’y installer leur primauté/contrôle). Les propos du chef du Pentagone suggèrent que les coupes budgétaires pourraient rendre cet exercice maintenant beaucoup plus problématique. 

Or, comme dit Hagel, « alors que des changements se produisent dans le paysage stratégique, les Etats-Unis et leurs alliés doivent être prêts à adapter leurs institutions et capacités de défense pour répondre à ces nouveaux défis ». Dans cet esprit, le Pentagone va « continuellement réévaluer ses besoins à mesure que les activités s’intensifient dans la région de l'Arctique ». Tout en essayant de trouver l’équilibre, selon Hagel, « entre les investissements potentiels dans l'Arctique d’un côté, et d'autres priorités en matière de sécurité nationale de l’autre ». Et ce, avec un budget en chute libre. Pauvre Pentagone. 

Pour lire La Stratégie pour l'Arctique: 
http://www.defense.gov/pubs/2013_Arctic_Strategy.pdf?
(à partir de: Hagel Announces DOD's Arctic Strategy, American Forces Press Service, 22 novembre 2013)

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Tags:
politique américaine, défense antimissiles, drones, otan, armement


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