10 octobre, 2014
Brève
Hajnalka Vincze
Brève
Le vice-président (VP) américain, fidèle à sa réputation de franc-parleur/gaffeur invétéré, a donc récemment admis (le 2 octobre, à l’université de Harvard) que c’est sous la pression des Etats-Unis que l’UE avait fini par adopter les sanctions contre la Russie. Ou comme dit l’inimitable Biden : « c’est vrai qu’ils ne voulaient pas le faire », « mais encore une fois, c’est le président des Etats-Unis qui a dû insister » auprès des Européens.
C’est sûr, on comprend chaque jour encore plus pourquoi Oussama Ben Laden voulait épargner Joe Biden dans l’espoir que celui-ci devienne lui-même président des Etats-Unis. Le VP maîtrise indéniablement l’art de se tirer une balle dans le pied. En l’occurrence, son aveu public aurait dû avoir l’effet d’une bombe atomique dans les relations transatlantiques.
Car, pour une fois, il ne s’agit pas d’une révélation a posteriori, mais d’un aveu concernant directement les événements qui se déroulent en temps réel. Il ne s’agit pas non plus seulement d’abstractions politiques (comme l’indépendance pour ne citer qu’elle) et de long terme (relations avec le partenaire stratégique qu’est la Russie), mais de pertes d’argent bien concrètes pour les gouvernements (et les contribuables) européens. Et il n’est même pas possible de (faire) croire à une exception, à une sorte d’anomalie, puisque le tout survient alors même que l’affaire Snowden/NSAvient de nous donner, il y a peu, un aperçu fort éclairant de la réalité des relations entre les deux rives de l’Atlantique.
Tous les ingrédients ont donc été réunis pour un scandale. Non pas que le suivisme européen soit une surprise en soi, mais parce que l’on a fait toutes les gesticulations possibles et imaginables pour éviter que cela se voie. Normalement, l'aveu de Biden aurait donc dû avoir l’effet d’un pavé dans la mare. Mais c’était sans compter avec l’incroyable servilité des gouvernements européens qui, une fois démasqués, continuent à faire comme si de rien n’était. Comme s’ils avaient décidé des sanctions de leur propre chef. Comme s’ils ne venaient pas d’être discrédités, une fois de plus, devant le monde entier. Et, accessoirement, devant leurs propres concitoyens.
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ue, russie, crise ukrainienne, relations transatlantiques