Etude et analyse
Le secteur de l'armement est le champ stratégique par excellence, que ce soit en termes géopolitiques, économiques ou technologiques. Du fait de la coïncidence entre les questions les plus abstraites liées à la souveraineté et la nature la plus tangible des produits (origine, composition, conception), les politiques poursuivies dans ce domaine sont particulièrement indicatives de, et déterminantes pour, la direction que l'Europe est sur le point de prendre.
Les dossiers d'armement sont, à plusieurs égards, le moment de la vérité pour l'intégration européenne. L’ensemble du processus européen étant basé sur ce qui est désigné généralement sous le nom de « l'ambiguïté constructive », l'irruption des questions les plus controversées de la manière la plus intransigeante crée une situation entièrement nouvelle. Un dans lequel le gouffre toujours croissant entre la rhétorique et la réalité devient soudain trop évident. Le discours traditionnel sur l'Europe « acteur à part entière » et « entité distincte » dans les relations internationales est en flagrante contradiction avec la réticence de la majorité des Etats membres à en tirer les conclusions logiques et fournir les moyens appropriés. Ce qui confère, dans ce cas-ci, un goût particulier au débat « philosophique » traditionnel sur les "finalités" de l'UE, c’est la forme extrêmement concrète et palpable dans laquelle ces questions apparaissent dans le domaine des armements. Il n'y pas l’ombre d’une ambiguïté lorsqu’il s’agit de voir si vous êtes ou vous n’êtes pas capable d’évaluer une situation de crise avec vos propres moyens, si vous pouvez ou ne pouvez pas faire fonctionner votre appareil militaire de façon indépendante, et si vous avez ou vous n’avez pas besoin de l’approbation (au moins tacite) d’un tiers pour décider, se défendre et agir sur la scène internationale. La différence entre la dépendance et l'indépendance est forgée dans la « quincaillerie ».
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