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Les dilemmes du gardien du temple : la France et l'élargissement de l’Union européenne

Európa 2002, 2004/4 - 15 décembre, 2004
Etude et analyse
Hajnalka Vincze

Du point de vue français l’élargissement ne peut pas reléguer au second plan l’aspiration à l’indépendance et à la prospérité européennes. Au contraire : l’adhésion des PECO doit se faire de façon à servir la sauvegarde du modèle européen et le renforcement de la souveraineté de l'Europe.

Comment préserver l’Union élargie ? Aux yeux de Paris, la solution aux dilemmes existentiels et structurels de l’Union réside dans la création de l’Europe à plusieurs vitesses. Au cœur de la politique européenne de la France, on trouve la séparation ‘en deux projets’ envisagée par Giscard et par Delors. C’est la seule manière de résoudre la contradiction qui paralyse Paris depuis longtemps (bien avant cet élargissement dernier à Dix). Notamment le fait que d’une part le degré d’intégration actuel est insuffisant pour mettre en œuvre la conception d’Europe-puissance (la transformation de l’Europe en un acteur international autonome, à part entière) ; tandis que de l’autre, toute approfondissement de l’intégration au niveau du pan-Union (à 15, à 25 ou plus) entraînerait automatiquement la mise en minorité de cette même vision d’Europe-puissance. La seule solution est de séparer le « vouloir vivre ensemble » et le « vouloir agir ensemble ». En d’autres termes : la distinction, sur la base de la volonté politique des participants, des éléments passifs et actifs de la relation aux monde extérieur. L’Europe-espace est en soi – en tant que laboratoire de la gestion des interdépendances – un modèle pour d’autres intégrations régionales. Néanmoins, pour qu’un champ de forces plus équilibré se mette en place – la condition sine qua non d’un véritable multilatéralisme – il faut que l’Europe-puissance apparaisse et joue un rôle actif. Or, il est évident que dans l’Union d’aujourd’hui, la tendance est contraire à la stratégie française : on s’applique à forcer des approfondissements au niveau de la grande Europe. Dans ces circonstances, Paris met l’accent sur la maximalisation des opportunités dans ce cadre et sur la promotion la plus totale possible du principe de flexibilité. Et non pas sur un quelconque approfondissement à 25, 30, 40 qui conduirait à des transferts significatifs de souveraineté (et, par là, à la mise en minorité inévitable du concept français d’Europe-puissance). En sachant pertinemment que sous la pression des événements futurs – ratification de la ‘constitution’, d’autres élargissements et leurs ratifications, obstacles émergents au cours des objectifs irréalistes du nouveau traité ou lorsque la nécessité d’une coopération plus étroite ne pourra plus être différée – la séparation des deux projets deviendra, tôt ou tard, incontournable. »

Sous-titres:

Quelques repères historiques

Le projet de confédération européenne du président Mitterrand

Edouard Balladur et le pacte de stabilité

L’élan du président Chirac et les facteurs qui le relativisait

Le bilan mitigé de la présidence française de l’Union en 2000

Jacques Chirac rappelle à l’ordre les PECO mal élevés

La ligne conductrice de la politique d’élargissement de la France

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Tags:
ue, france


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