15 septembre, 2013
Brève
Hajnalka Vincze
Brève
Politique étrangère et de défense de l’UE
Austérité: 25 millions d'Européens menacés de pauvreté. Pour rappel : cet excellent papier de Sven Biscop sur le modèle social européen comme base de référence et de légitimité pour la politique étrangère de l'UE. Si le sauvetage de l'euro se fait de manière à fragiliser le contrat social qui lie les peuples à leurs gouvernements, la crédibilité de l'Europe sur la scène internationale s'en trouve remise en cause.
“The core idea of EU foreign policy has a simple logic to it. Only where governments guarantee their citizens security, prosperity, freedom, and equality (because each citizen rightly feels entitled to security, prosperity and freedom in a more or less equal way to his/her fellow citizens) can lasting peace and stability exist – as within the EU. Where governments do not provide their citizens with these core public goods, tensions will arise, instability and repression will follow, and citizens will eventually revolt and regimes implode, violently or peacefully”
“If the Euro is saved in such a manner that the prosperity and equality of European citizens are destroyed, the end result will be counterproductive for the European project as such. For the internal social contract will be broken and citizens will no longer feel committed to the Union and the governments that did not respect it – in a Member State like Greece this might already be the case. Great internal instability, possibly for years to come, will be the result. Thus saving the Euro the wrong way will be as bad for the Union as not saving it at all. It will be equally bad for the position of the EU as an international actor. The strategic narrative of EU foreign policy cannot be maintained once the internal social contract, on the promotion of which it is based, is broken, for it will then no longer be credible, neither inside nor outside the EU. The EU will have lost its “soft power”.”
“If the EU does not manage to maintain its distinctive model of society, its foreign policy will soon lose its distinctiveness as well, and Europe will become one international actor among others, and a weak one at that. Europe will simply no longer be Europe.” (Sven Biscop, Foreign Policy and the Euro: We Have an Idea (Egmont Institute, Security Policy Brief n°30, November 2011)
EU US Defence Data 2011. "EDA has compared the 2011 defence expenditure of its participating Member States with that of the United States for the same year. The data show that the US spent €503 billion on defence in 2011 compared to €193 billion spent in the EU: around 2,5 times more."
Francophonie militaire
Francophonie et profondeur stratégique. Très intéressante comme lecture! Ex. Brice Poulot:« Aucune estimation officielle et précise n’a jamais été établie, mais il n’est pas saugrenu de penser que pas moins de 15 000 militaires sont formés chaque année, à des niveaux de compétences très variés, sur tous les continents, au maniement du français, et plus particulièrement du français langue militaire (FLMi) ». Les formations professionnelles militaires« ont essentiellement lieu en anglais, même lorsque le formateur est un locuteur francophone et que la formation se déroule sur un territoire de la francophonie ».
« Partager sa langue, c’est en effet faire preuve de confiance à l’endroit de ceux avec qui elle est partagée. Ce qui signifie que former des alliés participe non seulement aux bonnes relations interarmées mais aussi à celles entre les hommes sur le terrain, tout en renforçant l’inter-communicabilité, d’une part, et les capacités d’interopérabilité, d’autre part. Sa deuxième vertu est d’extraire un pays de la sphère d’influence d’un voisin trop puissant : le Brésil favorise par exemple l’apprentissage du français pour s’émanciper des États-Unis, tout comme l’Autriche, membre de l’Organisation internationaIe de la Francophonie (OIF) et acteur du FLMi, qui cherche ainsi à se démarquer de son voisin allemand. »
« Il est ainsi intéressant de constater que le français est davantage perçu par les militaires comme un vecteur de valeurs morales que comme une langue de travail, car la majorité d’entre eux estime que l’anglais est suffisant pour leurs activités. » « Il existe un lien réel entre la francophilie d’une armée étrangère (ou du moins de son état-major) et la provenance de son matériel de défense ». Au Chili « Thalès participe à la Journée de la Francophonie en organisant conjointement avec l’ambassade de France une manifestation de promotion du français au sein de l’École de langue des armées du Chili. »
« La gendarmerie européenne a choisi l’anglais comme seule langue de travail alors qu’elle est composée uniquement de pays de langue latine, et que le modèle gendarmique constitue une spécificité organisationnelle par excellence des forces de police issues historiquement de la tradition ou de l’influence francophone ». (Brice Poulot, Le français langue militaire, instrument de la profondeur stratégique de la francophonie)
Syrie
Poutine met en garde Obama avant la rencontre américano-russe à Genève. Peut-être bien que le président Poutine ne s’ennuie pas tellement après tout? “Il a l’air du garçon qui s’ennuie au fond de la salle de cours” – il y a un mois c’est en ces termes pleins de finesse et de respect diplomatique que le président Obama décrivait son homologue russe à une conférence de presse. Eh bien, « le garçon » semble plutôt bien s’amuser ces jours-ci. L’amateurisme de la diplomatie US doit être une source de divertissement sans fin pour lui.
Dominique de Villepin : «Le dossier syrien est un rendez-vous essentiel pour Hollande». Extraits de la vidéo : sur la Syrie « la diplomatie française n'est pas là où l'on l'attend ». « Obama avance à reculons, et s'il le pouvait, il reviendrait sur cette fameuse ligne rouge qu'il a très maladroitement fixée ». « La tentation c'est l'alignement ». « La négociation passe bien sûr par Moscou » et « là, la France doit être en première ligne ». « J'attends de la diplomatie française qu'elle renverse la table, et qu'elle fasse preuve d'audace ».
Congress to the rescue in Syria?. De la plume de Andrew J Bacevich: "When it comes to actual military action, only France still entertains the possibility of making common cause with the United States. Yet the number of Americans taking assurance from this prospect approximates the number who know that Bernard-Henri Levy isn't a celebrity chef."
"The president also discovered that recruiting allies to join him in this venture was proving a hard sell. It wasn't just the Arab League's refusal to give an administration strike against Syria its seal of approval, although that was bad enough. Jordan's King Abdullah, America's "closest ally in the Arab world'', publicly announced that he favored talking to Syria rather than bombing it. As for Iraq, that previous beneficiary of American liberation, its government was refusing even to allow US forces access to its airspace. Ingrates!" (Asia Times, 9 septembre 2013).
Syrie: Obama donne une chance à la diplomatie. Magnanime. Sans partenaires-auxiliaires (sauf le cas absurde de la France, bien entendu, dont l'absurdité n'en sera que plus flagrante après cette annonce), sans le soutien de sa population trop lasse des manipulations, sans autorisation de l'ONU (certes, c'est le cadet de ses soucis, de pair avec l'absence de preuves réelles), sans même vraiment l'appui enthousiaste de son propre appareil militaire, sans objectifs clairs et sans plans pour l'après-guerre. Le prix Nobel de la paix a donc l'extrême obligeance de ne pas envoyer tout de suite ses missiles de croisière.
« Suprématie » américaine
Air and Space Superiority : Freedom from Attack, Freedom to Attack. Toujours aussi émerveillée devant cette façon ingénue de claironner sa prétendue supériorité. « A l’abri des attaques et libre d’attaquer » : la devise de US Air Force témoigne d’un sentiment d’invulnérabilité, pour ne pas dire d’impunité. Réussir à y joindre quand même le spectre d’une éventuelle perte de cette supposée prééminence absolue (à moins d’investir massivement dans les nouvelles technologies, et dans les avions de chasse de « cinquième génération », bien sûr) – c’est du grand art, impossible à imiter.
Tour d’horizon
Lecture d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères:« À mon sens si les occidentaux réagissent à nouveau de façon brutale et schématique à la perte de leur monopole de puissance, s’ils s’enferment dans une crispation «occidentaliste» manichéenne, anti-chinoise et anti-islam, se privant ainsi de toutes les ressources de l’intelligence stratégique et tactique, et de la Realpolitik, cela ne marchera pas et accélérera même leur déclin. Même chose pour l’irénisme des Européens, spectateurs interloqués de leur marginalisation ».
« En revanche une politique lucide qui ne nie pas la redistribution de la puissance en cours, qui ne panique pas, mais n’abdique pas non plus, ne se réfugie pas dans des chimères (communauté internationale, libéralisme absolu, gouvernement mondial) mais défend au mieux les intérêts occidentaux en tirant intelligemment parti des divergences entre émergents pourrait préserver durablement un leadership relatif des États-Unis, qui resteraient alors le « hub « du monde, plus acceptable que tout autre. » Le terme hyperpuissance « n’est évidemment plus d’actualité ». « Le leadership américain peut se perpétuer encore assez longtemps, mais il sera devenu relatif ».
« La crise financière, c’est-à-dire l’éclatement en 2008 de l’économie américano globalisée financièrement dérégulée, devenue un casino, a accéléré la montée des émergents qui étant moins ‘modernes’, étaient moins intégrés dans ce système à haut risque, et ont donc été de ce fait paradoxalement protégés (comme les Japonais, qui disent que la barrière de la langue les a protégés…). L’Europe, au contraire, en a subi d’autant plus le contrecoup que son système bancaire était très imbriqué dans ce système de créances toxiques, et que ses États membres étaient par ailleurs surendettés, sans pour autant bénéficier de l’impunité monétaire des Etats-Unis, encore plus endettés qu’elle ».
« Depuis le début des années 1990 elle [la France] a dû repenser sa fameuse politique étrangère gaullo-mitterrandienne – ‘Ami, alliée des États-Unis, mais pas alignée’ - parfaitement adaptée pendant 35 ans à la Guerre froide et au monde bipolaire, dans un monde de plus en plus multipolaire et instable. Elle a été tentée par diverses options : une option européiste (tout miser sur l’Europe, s’en remettre à elle), une tentation occidentaliste (l’Occident est menacé, abandonnons notre spécificité, serrons les rangs et endossons l’agenda néo-con), une tentation « droit de l’hommiste « (imposer la démocratie au monde entier) et, quand même, le maintien, plus ou moins assumé, plus ou moins bien expliqué, d’une politique étrangère française harmonisée avec ses alliées ou partenaires, et tenant compte, sans naïveté, du poids des émergents ».(Que reste-t-il de l’hyperpuissance ?, entretien avec Hubert Védrine, réalisé par Pascal Lorot, Revue Géoéconomie, août-septembre-octobre 2013.)
Autonomie stratégique
Le ministre de laDéfense précise la notion d’autonomie stratégique. Interrogations pertinentes sur les entourloupes verbales à la mode qui videraient l’autonomie stratégique de son sens. (Zone militaire, www.opex360.com, 11 septembre 2013)
Joint Strike Fighter
Disarmament by F-35?. Giovanni De Briganti: "If current, short-sighted policies continue, these governments – whether in Canada, Italy, the Netherlands, Norway or other countries – will wake up one day and realize they have forsaken their entire military capabilities to pay for a squadron or two of F-35s they cannot afford to fly." (Giovanni De Briganti, Op-Ed: Disarmament by F-35?, Defense-Aerospace.com, 6 septembre 2013).
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défense européenne, politique américaine, ue, politique étrangère de la france, joint strike fighter/f-35, syrie