Note d’actualité
Galileo (le système européen de navigation par satellite qui se prépare dorénavant aussi dans l’espace, suite au lancement du premier satellite de démonstration) est l’un des projets stratégiques décisifs de la décennie. Dans tous les sens, y compris militaire, du terme. Il préfère, bien sûr, se faire discret à cet égard. Qui plus est, si d’autres en font la remarque, il dément avec véhémence.
Car les dirigeants de l’Union, rarement réputés pour leur bravoure politique, se retrouvent une fois de plus dans une situation délicate. Le poids des réalités et les camouflets reçus d’outre-Atlantique les orientent, de temps à autre, vers des options stratégiquement impératives, mais ils manquent le courage nécessaire pour les assumer de façon ouverte et systématique. Heureusement, à l’avenir c’est le projet lui-même (quoique lancé de façon laborieuse et ambiguë) qui guidera les événements. Et eux avec.
Enjeux et calculs
Les diplomates européens ont beau faire des contorsions : il est plus qu’évident que le projet Galileo[1] fut motivé par le souhait de mettre un terme à une situation de dépendance. A très juste titre. Néanmoins, l’évocation claire et concrète de l’idée d’autonomie est difficilement compatible avec les habitudes et les règles de bienséance du microcosme bruxellois. Au début, ce sont donc les arguments techniques qui ont pris le devant de la scène.
D’autant que les performances du Navstar-GPS[2] (système global de radionavigation basé sur au moins 24 satellites et géré par l’armée de l’air des Etats-Unis) sont loin de satisfaire pleinement les très nombreux utilisateurs civils du monde entier. D’une part, c’est l’incertitude quant à sa « précision garantie » (c’est-à-dire la disponibilité du service normal n’est pas assuré 24/24) qui est susceptible d’inquiéter les navires et avions en pleine manœuvre sous direction GPS. L’autre facteur troublant concerne l’intégrité : le système peut ne pas avertir l’utilisateur d’une éventuelle défaillance qu’avec un retard de 2 heures…
Pour y remédier, des systèmes complémentaires ont été mis en place. En Amérique du Nord c’est le WAAS (Wide Area Augmentation System), en Europe EGNOS[3] (Système Européen de Navigation par Recouvrement Géostationnaire ou Geostationary Navigation Overlay Service, entré en service en juillet 2005 en attendant la pleine opérationnalité dans le courant de 2006) qui corrige désormais à la fois la précision, la disponibilité et l’intégrité des informations reçues.
Mais (car il y a un grand mais) : les signaux de base continuent à être gérés et envoyés par Washington. Ce qui pose plusieurs problèmes, du moins vu de ce côté-ci de l’océan. Des considérations tant financières, que sécuritaires et stratégiques ont poussé l’UE à chercher une autre solution. La Commission se plaît aussi à évoquer le spectre du Pentagone – à savoir que la gestion par les militaires serait un facteur d’incertitude supplémentaire, puisque l’armée américaine peut à sa guise fermer le système aux utilisateurs extérieurs au-dessus et autour de ses théâtres d’opération. Hélas, c’est un argument doublement erroné. Primo, afin d’assurer la protection maximale de ses troupes en mission, les Etats-Unis – que ce soit sous contrôle civil ou sous celui du Pentagone – bloqueraient de toute façon le système à quiconque d’autre. Secundo, du point de vue européen l’ennui avec le GPS, ce n’est pas qu’il soit géré par des militaires, et ce n’est pas qu’il soit géré par les Américains. Le vrai problème, c’est qu’il n’est pas géré par les Européens.
Comme l’avait pertinemment observé le rapport[4] qu’un trio d’experts, dont l’ex-Premier ministre suédois, élaborait en 2000 sur les perspectives d’une politique spatiale de l’Union : « Pour l’Europe, il n’y a pas d’alternative à une politique spatiale commune, et la ligne conductrice d’une telle politique spatiale européenne est de rendre l’Europe non dépendante d’infrastructures spatiales non Européennes, pour toutes les applications stratégiques et commerciales liées aux systèmes spatiaux ». En d’autres termes : assurer l’indépendance à tous égards.
Ceci devient de plus en plus essentiel, au fur et à mesure que les technologies spatiales pénètrent chaque segment de notre vie quotidienne. En ce qui concerne la navigation, localisation et synchronisation par satellites, elle est présente dans le domaine de la circulation routière et ferroviaire, la navigation maritime et aérienne, l’approvisionnement en électricité, les transactions financières, le travail des ambulances et des équipes de secours. Pour ne mentionner que quelques-unes des applications civiles, mais qui ont déjà un aspect sécuritaire bien palpable.
L’autre considération à l’origine du projet Galileo est le problème du handicap économique. Car si les Etats-Unis mettent gratuitement (pour le moment) le GPS à la disposition des utilisateurs du monde entier (qui se retrouvent, du coup, à sa merci), les produits et services dérivés constituent une mine d’or. Pour laquelle l’avantage des sociétés américaines est pratiquement insurmontable, ne serait-ce que du fait de leur participation au développement et de leur capacité d’anticipation en matière de normes et régulations. Galileo a donc aussi pour but d’augmenter la part de marché des sociétés européennes (tout en créant plus de 100 000 emplois) dans ce secteur hautement lucrative, dont le chiffre d’affaires est multiplié par deux chaque année, pour atteindre 200 milliards d’euros d’ici 2013 selon les estimations de la Commission.
Outre la sécurité quotidienne des citoyens européens et la compétitivité de notre base technologique et industrielle, toutes deux d’importance stratégique, il y a aussi des considérations proprement géopolitiques. Notamment la question de la crédibilité internationale. Comme toujours lorsqu’il s’agit des technologies et capacités dites de souveraineté, la maîtrise de la radionavigation par satellite a une incidence déterminante sur l’appréciation extérieure et sur toute position de négociation. Autrement dit, les dirigeants européens ont beau s’affairer lors des discussions commerciales ou diplomatiques tant que tout le monde est conscient que les fonctions de base, civiles et militaires, de nos sociétés dépendent du bon vouloir de Washington (sous forme de mise à disposition du GPS). Nous sommes donc dépendants, susceptibles à la pression, non crédibles. Du moins jusqu’à l’entrée en service de Galileo.
Grincement de dents du côté de l’Amérique
Les Etats-Unis n’ont pas cherché à cacher le fait qu’ils considèrent comme priorité stratégique le maintien de leur quasi monopole en matière de navigation par satellite. Etant donné que pour des raisons techniques et budgétaires, le système militaire russe GLONASS[5] n’était jusqu’ici même pas en lice, Washington focalisait toute son attention à saboter le projet européen qui avait commencé à prendre forme dès le milieu des années 90. Il le faisait de plus en plus désespérément et de plus en plus ouvertement. Par conséquent, de manière de plus en plus édifiante pour ceux qui s’intéressent aux réalités de la relation transatlantique.
En règle générale, l’Amérique emploie trois méthodes pour maintenir sa prééminence vis-à-vis des Européens. Premièrement, elle mélange la propagande sur sa « suprématie écrasante » avec les démonstrations de sa « générosité » : espérant, par là, couper court à toute velléité d’émancipation. Deuxièmement, elle montre des « preuves », elle menace, elle met la pression : à ce stade, l’accent est sur le rappel plus ou moins discret de la dépendance européenne. Troisièmement, elle essaie de s’infiltrer : sous le mot d’ordre « coopération » (en s’appuyant sur le déficit politique de l’Union et sur la connivence entre le gouvernement américain et le secteur privé) elle tente de torpiller dans les faits toute initiative autonome. Avec Galileo, nous avons eu le plaisir d’admirer toutes les trois tactiques – à peu près dans cet ordre chronologique.
La philosophie derrière la démarche « pourquoi vous fatigueriez-vous avec votre propre système quand vous pouvez utiliser le nôtre » fut clairement résumée en 1998 dans un rapport de l’atelier de recherches RAND, notoirement proche du Pentagone. D’après ceci, il faut « Décourager la prolifération de systèmes concurrents et donner à l’industrie américaine la meilleure chance de maintenir son leadership actuel dans un marché commercial croissant. Si les Etats-Unis continuent à fournir un signal gratuit de haute qualité, il est douteux que quiconque veuille engager les dépenses nécessaires pour bâtir un système spatial comparable ». Dans cet esprit, en 1996 le président Clinton a promis de mettre un terme, en l’espace de dix ans, à la dégradation volontaire (S/A selective availability) des signaux destinés aux utilisateurs civils. En 1998, le vice-président Gore entame la modernisation du système tout entier, et le 1er mai 2000 – en une tentative désespérée de saboter Galileo qui commence alors à se concrétiser – c’est de nouveau le tour de Clinton d’en finir, du jour au lendemain, avec la pratique S/A, en multipliant ainsi par dix la précision des signaux disponibles aux utilisateurs civils. Mais toutes ces décisions, prises à leur insu, n’ont fait que contribuer à la prise de conscience par les Européens de leur propre dépendance.
Vient ensuite la pression du type « vous n’avez aucune chance (et si ce n’est pas le cas, nous allons tout faire pour que vous n’en ayez aucune) ». D’un côté par le biais d’un message que Washington avait fait parvenir aux députés du Parlement européen et où il expose le gaspillage entraîné par un projet qui ne saurait être économiquement viable face au GPS. De l’autre côté, le secrétaire d’Etat adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz adressait une lettre confidentielle à ses collègues européens en décembre 2001, suivie d’une mise en garde moins discrète de la part de Robert G. Bell, (responsable de l’OTAN aux questions d’armement/acquisition : un poste toujours réservé à un Américain, depuis la création de l’Alliance), pour leur rappeler qu’ils avancent sur un terrain miné. La confusion délibérée entre les préoccupations sécuritaires légitimes et celles utilisées comme un alibi, a finalement conduit à une déclaration publique de la Commissaire européenne chargée du projet, qui a non seulement confirmé à la presse l’existence de la lettre, mais a également parlé d’une pression américaine continue.
Enfin, voici « les deux méthodes ont échoué, soyons donc (presque) partenaires ». C’est le plus astucieux et le plus dangereux. Ici, Washington essaie de faire valoir « l’amitié et la fraternité » pour garantir, certes par détour, l’asymétrie en sa faveur. D’une part, c’est par l’intermédiaire des pays européens d’esprit servile (et en brandissant l’étiquette « sécurité nationale » à tout bout de champ) qu’il espère préserver son hégémonie sur tous les plans. De l’autre, c’est grâce à la participation vivement encouragée de Boeing, Lockheed Martin et compagnie, qu’il compte s’assurer un droit de regard et une influence maximale sur le projet européen. Rien de mieux que la bonne vieille tactique du cheval de Troie.
Or, un rapport du Pentagone préparé en automne 2005 sur l’avenir du GPS[6] jette une lumière crue sur chacune des trois phases. Les considérations financières derrière la rhétorique sur la « générosité » américaine et sur la « non-viabilité » de Galileo sont bien éclairées dans la lettre de mission du secrétaire d’Etat adjoint : « l’apparition de Galileo pourrait marginaliser le GPS en un système onéreux à seul usage militaire ». Les recommandations des experts clarifient également les modalités de la coexistence désormais inévitable : tout en exploitant les avantages inhérents à la coopération « il faut poursuivre la mise en œuvre résolue d’une stratégie distincte », laquelle a pour but de « garantir la suprématie civile et militaire des Etats-Unis dans le domaine des services de navigation, de localisation et de chronométrage pour de nombreuses années à venir ».
Car l’axe principal ne change pas d’un iota. Sa clé se trouve dans la doctrine dite NAVWAR, supposant un contrôle absolu sur la radionavigation globale. Or, Galileo lui porte atteinte, même « à la maison ». Comme l’avait remarqué dans sa lettre déjà citée le secrétaire d’Etat adjoint : « si Galileo entre en service et sa pénétration sur les marchés civils mondiaux se poursuit comme prévu, certaines fonctions d’infrastructure cruciales pourraient être assurées par un système qui serait potentiellement hors contrôle et influence américains ». Tiens, tiens. Eux, ils ont le droit de s’inquiéter (de l’éventualité même d’une fraction) de la dépendance. S’y ajoute encore le fait qu’après l’arrivée de Galileo, « l’avantage asymétrique assuré par GPS sur le champ de bataille » n’ira pas de soi, lui non plus. Or, cette capacité d’interdire l’accès de l’adversaire à des capacités similaires aux siens, est la pierre angulaire de la stratégie basée sur la « suprématie informationnelle » du Pentagone
En orbite (ou presque)
L’un des aspects les plus divertissants de l’histoire Galileo réside en la détermination véhémente de l’UE à nier et/ou à camoufler les applications militaires évidentes du système. C’est peine perdue. Quel que soit le nombre de fois que l’on répète à Bruxelles le mantra selon lequel Galileo est « un système civil, à des fins civiles et sous contrôle civil », et aussi charmant que soit l’oubli systématique de tout ce qui rappelle armes et soldats quand il s’agit de dresser la liste des applications[7] - personne n’est dupe.
L’utilisation militaire de la radionavigation globale par satellites est devenue un truisme. Tandis que pendant la guerre du Golfe de 1991, les troupes américaines furent équipées en moyenne d’un récepteur GPS pour 200 soldats, ce chiffre est passé à 1 sur 9 lors du dernier conflit irakien. Le système de navigation sert avant tout à dissiper le « brouillard » associé au commandement en guerre (donc à permettre de suivre avec précision les déplacements des troupes) et au ciblage des bombes, missiles et autres projectiles. Et c’est encore le GPS qui a permis à Scott O’Grady, le pilote du F-16 abattu au-dessus de la Bosnie en 1995, d’échapper aux forces serbes.
Sur le plan technique, Galileo pourra accomplir toutes ces fonctions, et ceci en plus précis, plus moderne, plus fiable. Néanmoins, le rapport du Parlement européen[8] en 2004 stipule qu’il « est et doit rester purement civil » ; et devant la Chambre des Communes de sa Majesté l’un des ministres du gouvernement Blair affirme catégoriquement que le projet européen « n’aura pas d’application militaire »[9]. Tentatives poignantes, mais sans le moindre réalisme. On ne fabrique pas des roues pour emprunter ensuite la voiture des autres. Et ce ne sont pas que ces fameux Français qui assurent que l’UE sera tôt ou tard amenée à assumer ouvertement le caractère dual (civil et militaire) de Galileo, mais le rapport du Pentagone[10] (cité plus haut) le prend également pour acquis. Face à l’inévitable, ses auteurs réfléchissent déjà sur des initiatives pour « une utilisation militaire conjuguée du GPS et de Galileo parmi les partenaires de l’Otan ».
Ce qui nous mène tout droit à l’une des leçons de l’histoire de Galileo. Lorsque les Européens surmontent leurs réflexes de servilité et se mettent sur une position de souveraineté, et lorsque les Américains sont donc confrontés aux limites de leurs chimères de domination mondiale – tout le monde en profite. Comme, entre autres, le Ministère des Transports des Etats-Unis. Car depuis le rapport Volpe[11] de 2001 sur les vulnérabilités liées au GPS, celui-là peut s’inquiéter officiellement des risques encourus quand on s’appuie sur un seul et unique système.
L’existence de deux systèmes autonomes et interopérables améliore, certes, la performance (les récepteurs communs, alimentés par deux fois plus de satellites, augmentent la précision des signaux même dans les milieux urbains les plus problématiques), mais elle renforce avant tout la fiabilité. Au cours d’applications mettant en jeu des vies humaines (ou des intérêts financiers) le mot d’ordre est la redondance : n’importe lequel des deux systèmes serait affecté par n’importe quel dysfonctionnement, l’autre fonctionne intégralement en soi. Ce n’est pas un hasard si la communauté des utilisateurs se félicitait du projet Galileo et s’ils tiennent absolument à ce que les deux systèmes restent entièrement indépendants l’un de l’autre.
Sur le plan politique aussi, Galileo crée une toute nouvelle donne. Au niveau des relations transatlantiques, il promet l’expérience – jusqu’ici plutôt rare – de la réciprocité. Dans un sens plus large, il fait miroiter la possibilité d’une alternative sur la scène internationale. Il est plus que parlant que la Chine et Israël (en bel exemple des tensions entre dépendance et réflexion stratégique) furent les premiers à se joindre financièrement au projet européen, suivis de l’Ukraine en décembre dernier, tandis que les négociations avec l’Inde et le Maroc se sont terminées avec succès, et elles sont à un stade avancé avec la Corée du Sud, la Norvège et l’Argentine.
Malgré tout, le chemin qui reste à faire est loin d’être une promenade de santé. Il pourrait (ou plutôt : aurait pu) l’être, si l’Union se décidait enfin à se prendre au sérieux. Et ce n’est pas seulement le fait que les Vingt-cinq devraient faire fonctionner une autorité de supervision capable de gérer les aspects sécuritaires du système, ou qu’ils devraient mettre en place un mécanisme de prise de décision apte à réagir promptement dans une situation de crise. Ce n’est pas non plus seulement parce que ce projet d’importance stratégique (lequel doit affronter un concurrent pas comme les autres, en situation de quasi-monopole et financé par le budget militaire américain) n’était pas forcément l’occasion idéale pour tester la formule PPP (partenariat public privé) pour une entreprise majeure d’infrastructure UE. D’autant qu’il n’en était nullement besoin. La mise en service du système tout entier ne coûte pas plus que la construction de 200 kilomètres d’autoroute (les Américains avaient dépensé la même somme rien que pour le système d’augmentation nord-américain).
La véritable question est de savoir dans quelle mesure l’Union sera-t-elle prête et capable de prendre les décisions politiques qui s’imposent pour promouvoir son propre projet. Adopter, en l’occurrence, une approche similaire au fameux concept « Buy American »[12]. Ou encore, rompre avec ses hésitations en matière d’applications (et d’exportations) militaires. Il serait pour le moins grotesque de priver de Galileo les missiles franco-britanniques SCALP/Storm Shadow par exemple. D’autant que les récepteurs capables de capter les signaux militaires GPS sont conçus et fabriqués par Washington (et mis à la disposition de ses acheteurs-alliés) avec des chipsets contenant un « disabler » incrusté. Grâce auquel il peut les paralyser à chaque moment, même si l’utilisateur est en possession des codes d’encryptage.
Mais bien au-delà des technologies militaires, il est passionnant d’observer comment – pour mener à bien un projet basé sur la logique de souveraineté – l’Union est conduite à se familiariser avec des notions qui jusqu’ici lui étaient largement étrangères. Tel que l’autonomie, la stratégie, et une position d’égal à égal lors des négociations politiques.
[1] http://europa.eu.int/comm/dgs/energy_transport/galileo/index_fr.htm
[2] http://www.af.mil/factsheets/factsheet.asp?fsID=119
[3] http://www.esa.int/esaNA/GGG63950NDC_index_0.html
[4] http://ravel.esrin.esa.it/docs/annex2_wisemen.pdf
[5] http://www.glonass-center.ru/frame_e.html
[6] http://www.acq.osd.mil/dsb/reports/2005-10-GPS_Report_Final.pdf
[7] http://europa.eu.int/comm/dgs/energy_transport/galileo/applications/index_fr.htm
[8]http://www.europarl.eu.int/omk/sipade3?PUBREF=-//EP//NONSGML+REPORT2004-0003+0+DOC+PDF+V0//FR&L=FR&LEVEL=1&NAV=S&LSTDOC=Y
[9] http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200304/cmselect/cmtran/1210/4102715.htm
[10] http://www.acq.osd.mil/dsb/reports/2005-10-GPS_Report_Final.pdf
[11] http://www.navcen.uscg.gov/archive/2001/Oct/FinalReport-v4.6.pdf
[12] http://usinfo.state.gov/products/pubs/trade/glossac.htm#buyam
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