Langue:   Language:   Nyelv:  
Recherche avancée


John et Chuck, deux artistes émérites de la « renaissance transatlantique »

05 février, 2014
Brève
Hajnalka Vincze
Pour résumer la cinquantième édition de l’inoxydable Wehrkunde (conférence de sécurité, organisée chaque année à Munich, avec la participation de la crème de la crème transatlantique), le moins que l’on puisse dire, c’est que les responsables américains ont caressé leur auditoire, européen pour la plupart, dans le sens du poil. Ce qui fut prévisible, pour ne pas dire normal.
 
Conformément à la dynamique familière des relations Europe-Amérique, l'épisode de la brouille NSA/Snowden devait être suivi de gestes de réconciliation poussés jusqu’à l’extrême. C’est maintenant chose faite. Grâce à la prestation remarquable du Secrétaire d’Etat Kerry et du patron du Pentagone Hagel (John et Chuck, pour les intimes), les Européens peuvent donc continuer de se bercer d’illusions et se rêver en partenaires des Etats-Unis. Chapeau l'artiste.
 

Le numéro à deux, orchestré à la perfection, correspondait exactement à ce que l’auditoire euro-atlantiste attendait depuis un bon bout de temps. Traumatisés par la menace d’un désintérêt possible des USA pour l’Europe, brandie par l’ancien chef du Pentagone en 2011, puis par l’annonce officielle du 
« pivot » vers l’Asie en 2012, puis par l’affaire des écoutes de la NSA l’an dernier, les braves responsables européens mouraient d’envie d’entendre des propos rassurants de la part de leur grand allié et ami. Et ils ont été servis.
 
Les deux Secrétaires sont « venus en toute humilité », et admis d'emblée que même en Amérique, « la démocratie est un chantier en cours ». Pour ce qui est de la baisse des dépenses de défense, objet de sempiternels reproches adressés aux alliés européens, ils ont pris le soin de préciser, à plusieurs reprises, que les Etats-Unis doivent faire face à une situation similaire (bien entendu, à leur échelle). Le problème est donc commun aux deux rives de l’Atlantique. Par conséquent, il convient de s’unir de manière toujours plus étroite pour relever les défis.
 
De toute façon, dans un contexte où « pas un seul pays ne pourrait espérer de résoudre les problèmes » qui se posent aujourd’hui, « l’Europe est un partenaire indispensable pour les Etats-Unis ». L’ouf de soulagement fut presqu’audible parmi les invités à Munich. Les responsables US le disent et le redisent à volonté (et le prochain QDR ou Quadrennial Defense Review, document-cadre de la défense américaine, va bientôt le confirmer) : consciente que l’isolationnisme « n’est pas une option », l’Amérique revalorise les alliances et croit dur comme fer à « l’indivisibilité de la sécurité et de la prospérité » de part et d’autre de l’océan. Bref, un vrai conte de fées pour enfants. Lequel a failli faire oublier les petites mises en garde glissées, mine de rien, dans ce beau discours d'amitié.

share:

Tags:
relations transatlantiques


Brèves
Interview radio sur l'OTAN et l'UE

 

Un an de guerre en Ukraine: la liste de mes articles sur le sujet

Bonne lecture!
Interview radio sur l'Europe, l'UE, la guerre en Ukraine

Interview radio au lendemain de l'élection présidentielle en France

 
Interview radio sur l'actualité géopolitique en Europe

 
Sur la privatisation des activités militaires

Quelques réflexions sur la privatisation croissante de l'activité militaire. L'impact des...
Sur la guerre informationnelle

Quelques remarques de ma part, citées dans un article...
Conséquences pour l'Europe d'une éventuelle nouvelle administration US

Quelques réflexions sur les conséquences des prochaines élections...

Le Parlement belge a failli mettre fin au stationnement des bombes nucléaires US

Alors que le débat aurait dû être « transparent », comme...

Siège UE au Conseil de sécurité? Une fausse bonne idée : séduisante mais contre-productive

Que l’Europe « parle d’une seule voix » et pèse ainsi...






Les plus lus





COPYRIGHT © Hajnalka Vincze TOUS DROITS RÉSERVÉS